COUPE DE FRANCE 1992  RED STAR 93

LE RED STAR COMME AU BON VIEUX TEMPS

Le jeudi 7 avril 1992, le quotidien Libération, consacrait un article à la qualification du Red Star en quart de finale de la Coupe de France. Un article … d'ambiance.

"Bite d'anchois", vieux supporter audonien s'est couché content : en battant Guingamp lors des prolongations, son équipe s'est qualifiée pour les quarts. Façon grande époque.

"Entre deux gorgées de bière. Maurice déçu, n'hésite pas à dire ce qu'il a sur le cœur. Quarante cinq minutes que son équipe du Red Star essaie de colmater les brèches face à Guingamp. Lui, c'est l'encyclopédie du "football audonien". Ici, tout le monde l'appelle "bite d'anchois". Le foot, c'est sa vie. Il nous parle de Mellberg, le Suédois, qui laissa sans connaissance le gardien adverse : "On lui mit le poteau de corner entre les dents pour qu'il n'avale pas sa langue". il connaît toutes les histoires autour d'Amalfi l'artiste ou de Rodighiero le romantique, les stars de la fin des années cinquante. Mais ce soir, c'est de l'expulsion de Lionel Rouxel, le Guingampais qu'il veut nous parler "ça n'existait pas à l'époque ce genre de décision. Les arbitres maintenant, ce sont que des frustrés qui se défoulent sur la pelouse". A la buvette, ses potes, 'Jannot les bacchantes", "l'anguille", "René belles quenottes", acquiescent. L'arbitre, après une demi-heure de jeu, s'est laissé piégé par Jacky Bonnevay, écroulé par terre et simulant un coup de boule donné par Lionel Rouxel. Carton rouge pour l'avant-centre breton qui regagne les vestiaires en pleurs.
"Bite d'anchois" rejoint la tribune perpendiculaire à la rue des Rosiers. Quarante ans qu'il suit les matches de la même travée. Il veut que son équipe aille en quarts de finale, comme à la grande époque, mais que ce soit "propre". A onze contre dix, on a envie de rester écouter ses histoire, celles de Penverne ou Bliard, les anciens de l'équipe de France de 1958 : "Ici c'était un peu le cimetière des éléphants". Mais dès la reprise, l'orgueil des Bretons fait la différence. l'expulsion de Rouxel les a rendus plus forts. En Avant de Guingamp et le Red Star se disputent un même enracinement populaire, le même public de supporters qui n'admettent pas l'injustice.

Le stade de Saint-Ouen s'est rempli de tous les resquilleurs qui ont attendu la mi-temps pour se glisser dans la tribune aux côtés de "bite d'anchois". Safet Susic a encore de beaux gestes techniques, mais s'est Stéphane Guilvarc'h, l'ex-Brestois qui inquiète une première fois Thomas Kokkinis. Les joueurs du Red Star ne réussissent pas à profiter du surnombre. Sur un coup franc aux vingts mètres, Yann Daniélou, le libero, brosse impeccablement son ballon qui termine dans la lucarne des banlieusards parisiens.
1-0, les huit mille spectateurs du stade de Saint-Ouen scande le nom de la sous préfecture des Côtes d'Armor. Tout Guingamp est là d'ailleurs, du maire au député en passant par le coiffeur, l'entrepreneur en matériaux ou en pièces détachées automobiles. Le président de la Ligue, Noël Le Graët, qui pendant vingt ans, a dirigé le club breton, essaie de garder son calme aux côtés de Jean Fournet-Fayard, le président de la Fédération française de football. C'est le moment que choisi alors Robert Herbin, l'entraîneur du Red Star, pour faire rentrer Sergueï Rodionov. Dans les buts bretons, Stéphane Le Garrec sort alors le grand jeu. Plus que cinq minutes à jouer. "René belles quenottes" a déjà rejoint la buvette. Il ne verra pas le but égalisateur de Steve Marlet. les prolongations deviennent inévitables.
Bertrand Salomon, le président de Guingamp, craignait cette demi-heure de trop. une heure de jeu à dix joueurs, le manque de fraîcheur allaient en effet faire la différence. Après 108 minutes de jeu, sur un centre de Marlet, Sergueï Rodionov profite d'une hésitation de Bertrand Jacques et marque du plat du pied. "Bite d'anchois" est heureux. Le Red Star est en quart de finale : "On se croirait revenu au bon vieux temps."

Sergueï Rodionov  Safet Susic  Steve Marlet
De gauche à droite : Rodionov, Susic et Marlet

Page Précédente      Retour à la page d'accueil