Stade de Colombes, 20 août 1983, le Red Star est à la recherche de son premier succès de la saison en D 2. Les Audoniens se rendent chez le voisin, le Racing, candidat numéro un à l'accession avec toutes ses vedettes. Maurice Baquet, rend compte du match le lundi, dans L'Equipe sous le titre :
Colombes. Ne tournons pas autour du pot. Personne n'imaginait un tel scénario lors de ce derby parisien. Pas spectaculaire, mais sûrement captivant par son effet de surprise. Le Red Star connu pour sa modestie, venant jouer l'intrus sur les terres du gros propriétaire. N'est-ce pas un peu osé ? Un peu infamant pour celui qui avait déjà été agressé le week-end dernier à Abbeville ?
Car, enfin, tout séparait le Racing du Red Star. Les positions au classement d'abord, les moyens potentiels et financiers ensuite. Sans omettre de rappeler les objectifs respectivement convoités : l'accession au niveau supérieur pour l'un, une place bien calée en milieu de tableau pour l'autre.
Les Verts ont signé leur première victoire à l'extérieur, chapeau ! En tout cas, la farce n'a pas plu à tout le monde, on peut vous l'assurer !
Dubois suspendu, Eo occupait le poste de libero. Manière de prendre du recul, de mieux diriger la manœuvre tactique. Buissonneau reculait d'un cran, laissant Bridier et le jeune Guillaume aux avant-postes. Bonne trouvaille ! Les défenseurs ciel et blanc ne l'appréciant qu'à moitié.
Ajoutez à cela une bonne dose d'abnégation et une plus grande vivacité dans la conquête du ballon … face à un adversaire paraissant étouffé, voire maladroit, et vous comprendrez aisément pourquoi le Racing Club de Paris quitta les lieux fort marri.
Deux exemples parmi d'autres : contre-attaque d'Anglade, Bridier, en balade dans la défense, attendait la sortie de Bas et l'ajustait du pied droit (26ème) ; rentré à la place de Guillaume, Aniol, déporté sur la gauche, d'une jolie feinte se débarrassait de Zwunka, résistait au retour de Ben Mabrouck et faisait le même coup au gardien du coin (77ème).
Et c'est bien au cours de cette seconde période que les Racingmen devront s'appesantir. Ils reprenaient enfin des couleurs sur une tête piquée de Madjer à la suite d'un centre de Sither désaxé sur le flanc gauche (70ème). Sans pour cela se montrer maîtres de la situation, bien au contraire.
La reprise de Bianchi, d'un rien au-dessus de la transversale (47ème), l'occasion unique de Mahmoud seul devant Pérez (58ème), les têtes de Sither (75ème) et à nouveau de Bianchi (89ème) n'était-ce pas de la poudre aux yeux ?
Bien sûr la première mi-temps, déjà souriante au visiteur du jour, laissait entrevoir un éventuel renversement de situation. Sans faire dans le génie, le Racing devait trouver sur sa route le gardien audonien Pérez : sur un retourné acrobatique de Madjer (6ème), sur une tête du même Madjer (15ème). Quant au tir râté de Chebel, à trois mètres des buts Zagar sollicitant Bianchi d'une longue transversale et Faury n'ayant pu s'opposer au dribble de l'international algérien, mieux vaut le passer sous silence (22ème).
C'est vrai, les joueurs d'Eo, peu vernis depuis quatre rencontres, ont su tirer le meilleur parti du peu d'occasions de but. On ne peut, cette fois, leur en tenir rigueur. C'est simple : Ben Mabrouck dégageant une balle brûlante (35ème), et Bas sauvant du pied sur des incursions de Besançon (42ème) et Bridier (87ème).
L'exploit du jour revient à une formation qui ronronnait. Le Racing devra-t-il compter sur les écarts de conduite de ses principaux rivaux ? Une cinquième journée pas tout à fait comme les autres …
De gauche à droite : Didier Padovan, Jean-Michel Bridier et Zbigniew Gut
RACING C.P. - RED STAR 1-2 (0-1)
Buts : Madjer (70ème) - Bridier (26ème), Aniol (77ème)
Temps très lourd - pelouse inégale - 3 200 spectateurs - recette 92 800 F - arbitre : M. Bourgeois
CJ : Madjer (13ème) - Faury (13ème), Gut (46ème)
RACING CP : Bas, Zagar (Laachi 78ème), Zwunka, Renaut (cap.), Tihy, Ben Mabrouck, Chebel (Baltimore 64ème), Bianchi, Mahmoud, Sither, Madjer. Entr. A. De Martigny.
RED STAR : Pérez, Faury (Gautier 46ème), Padovan, Eo, Gut, Amorfini (cap.), Besançon, Anglade, Buissonneau, Guillaume (Aniol 59ème), Bridier. Entr. G. Eo.
REACTION DE GEORGES EO : "INESPERE !"
"Pas de doute, on tape un grand coup. Ces deux points semblaient inaccessibles, mais notre tactique a joué à cent pour cent. La combativité habituelle a fait le reste. Oui, un exploit, vraiment …"
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