ZAIR KEDADOUCHE*, UN « BEUR-GEOIS » A L’ELYSEE
Article publié dans Le Figaro, début février 2006
Vous êtes « les filles et les fils de la République ». Zaïr Kedadouche s’est pleinement reconnu dans l’adresse de Jacques Chirac aux jeunes des quartiers après la crise des banlieues. « C’est la première fois qu’on me disait que j’étais français », confie le tout nouveau conseiller technique à l’Elysée en charge de la vie associative. « Les jeunes ont ressenti la même chose que moi. Les Beurs aiment Chirac, parce que Chirac aime les Beurs », s’enthousiasme-t-il.
Né à Tourcoing, en 1957 dans une famille kabyle de six enfants, Zaïr Kedadouche incarne aujourd’hui cette « beur-geoisie » dont il prédisait l’émergence dans son livre La France et les Beurs. Mais il n’a pas suivi le cursus ministériel traditionnel des membres de cabinet. « Il a dû se construire par lui-même ; c’est un self made man, pas un pistonné », souligne Malek Boutih, qui malgré les divergences politiques, vante « sa ténacité, son optimisme et sa fidélité à ses convictions ». « Zaïr n’est pas de ceux qui frappent à la porte du PS quand la gauche est au pouvoir puis à celle de l’UMP quand c’est la droite », souligne l’ex-président de SOS-Racisme.
Orphelin de père à 6 ans, Zaïr Kedadouche a grandi dans un bidonville à Aubervilliers et a fait mille métiers. Coursier, gardien de musée, professeur de technologie, il a même été footballeur professionnel. Son entraîneur s’appelait Roger Lemerre et il a joué notamment au Red Star, le club mythique de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. C’est sous les couleurs de Génération Ecologie, le mouvement de Brice Lalonde qu’il se lance en politique. Elu conseiller régional d’Ile-de-France en 1992, il devient un compagnon de route du RPR et entre en 1995 au cabinet d’Eric Raoult, ministre délégué à l’Intégration et à la Ville dans le gouvernement d’Alain Juppé.
Elu du XVIIè arrondissement de Paris aux côtés de Françoise de Panafieu, membre du Haut conseil à l’intégration, ce républicain laïc, ce musulman athée, revendique son droit de vivre comme tous les Français, sans renier ses origines.
A l’Elysée, il se dit « heureux » de faire ce qu’il aime. C’est le secrétaire général, Frédéric Salat-Baroux, qui l’a recruté. Ensemble ils avaient réalisé, pour le compte d’Alain Juppé, un rapport sur l’immigration qui, à l’époque avait fait grincer des dents au RPR.
Car à droite « Zaïr le Gaulois » n’a pas que des amis. Ses détracteurs le disent « arriviste » et affirment qu’il a mal vécu de voir d’autres que lui, Tokia Saïfi puis Azouz Begag, monter dans le train gouvernemental. « S’il veut un jour accéder au premier rang, Zaïr va devoir apprendre à montrer les dents » affirme son ami Malek Boutih.
* (ndlr, Zaïr Kedadouche est né le 9 août 1957 à Tourcoing, milieu ou défenseur. A joué à Sedan, Paris FC et au Red Star de 1984 à 1988)