DOSSIER PRESSE JANVIER 2004
Nous publions les différents articles parus dans Le Parisien lundi 12 et mardi 13 janvier 2004 concernant le Red Star.
Lundi 12 janvier
FERNANDEZ LACHE LE RED STAR
« IL Y A PEU ENCORE, Luis Fernandez jurait fidélité au Red Star. Le 4 novembre dernier, au moment de s'envoler pour reprendre les rênes de l'Espanyol Barcelone, l'ancien international se montrait catégorique. « Lâcher le Red Star, jamais ! » affirmait-il.
C'est pourtant ce qu'il s'apprête à faire alors qu'il a récemment investi la coquette somme de 45 100 € (un peu moins de 300 000 F) dans un club qui évolue aujourd'hui... en Division d'Honneur. L'ancien manager du PSG et son ami Michel Moulin, principal actionnaire du club, seraient en désaccord avec la politique menée par le président Eric Charrier. Les deux hommes auraient même proposé qu'un troisième acolyte, Christian Hervé, ancien patron du Servette de Genève, reprenne la présidence. Ce qu'Eric Charrier - qui, hier, n'a pas pu nous répondre - a catégoriquement refusé. Reste que ce désengagement pourrait rapidement entraîner d'autres démissions au sein du club centenaire. »
Frédéric Gouaillard
Mardi 13 janvier
POURQUOI LUIS FERNANDEZ QUITTE LE RED STAR
« LE RED STAR restera à jamais un club à part. Même relégué au niveau régional (Division d'Honneur), le club de Saint-Ouen continue de défrayer la chronique et de susciter les intrigues de couloir. Comme nous l'annoncions dans notre édition d'hier, Luis Fernandez a décidé de se désengager du projet qu'il avait rejoint à grand renfort d'annonces en mai dernier. L'ancien manager du PSG nous a confirmé hier sa décision. « Je n'ai pas d'autres solutions que de partir, précise l'intéressé. Nous avions demandé à obtenir les pleins pouvoirs voilà quinze jours mais ça nous a été refusé. Dans des conditions normales, j'étais prêt à patienter... » Depuis juin dernier et la décision du tribunal de confier le club à Eric Charrier, deux clans se sont vite opposés. D'un côté l'équipe de l'actuel président Charrier - les concepteurs du projet - et de l'autre les amis de Luis parmi lesquels figurent Michel Moulin, le principal sponsor, et Christian Hervé, ancien président du Servette de Genève et actionnaire du club.
« Il semblerait que le conflit ait éclaté mi-novembre » « Il semblerait que le conflit ait vraiment éclaté mi-novembre, raconte une source proche du club. Mais dernièrement, les fidèles de Fernandez ont fait savoir qu'ils bloqueraient les fonds tant qu'ils n'auraient pas la maîtrise de l'association et de la SASP (société anonyme sportive professionnelle). » Ces derniers reprocheraient à Eric Charrier son incapacité à attirer des partenaires, mais aussi la légèreté avec laquelle il dépenserait l'argent du club. Tout au moins celui de la SASP, au capital de 130 010 € et créée en juillet dernier pour financer l'association. Luis Fernandez et Christian Hervé possédaient pour 65 000 € d'actions (soit un peu moins de 50 % du capital), alors qu'Eric Charrier et son principal associé, Benoît Delanoé (45 500 € à eux deux), détiennent, avec quelques proches, la majorité de ce capital. « Du fait de son éloignement, Luis Fernandez n'a plus le temps de s'occuper des affaires de la société commerciale, commente l'avocat de l'ancien international. Il a donc décidé de céder ses parts (NDLR : comme Christian Hervé) à l'équipe dirigeante pour un nouveau tour de table. » Fort de ses 51 % de participation, le clan Charrier n'a semble-t-il pas voulu céder face à la tentative de prise de pouvoir des amis de Luis. Du côté de la municipalité, on observe tout cela avec scepticisme. « On s'y attendait, commente ce collaborateur. On aurait simplement apprécié qu'on nous informe dès le départ de ces querelles d'autant que nous étions plus ou moins au courant. » Pour éviter de se retrouver derechef pris de court, la ville de Saint-Ouen a décidé (avec l'accord des dirigeants) de nommer un expert-comptable chargé de viser les comptes du club. Celui-ci devrait se mettre au travail sous peu. »
Frédéric Gouaillard
LUI FERNANDEZ « Je pars déçu »
DEPUIS SON DOMICILE BARCELONAIS, Luis Fernandez nous a confirmé hier sa décision de se désengager du Red Star, aujourd'hui en Division d'Honneur. Une décision motivée par le retrait de son ami Michel Moulin, principal sponsor du club centenaire de Seine-Saint-Denis. Arrivé en mai dernier pour soutenir le projet Charrier, l'ancien manager du PSG s'était personnellement impliqué, n'hésitant pas à investir 45 100 € dans la société commerciale. Des actions qu'il a décidé de céder hier à l'équipe dirigeante pour un nouveau tour de table. Celles-ci ont d'ores et déjà été rachetées par de nouveaux actionnaires. Si l'avocat de Fernandez affirme que « Luis gardera un oeil sur le Red Star », le divorce semble bel et bien consommé. Quelles raisons ont motivé votre départ ? Luis Fernandez. Cet été, je suis arrivé avec une équipe et, à partir du moment où celle-ci décide aujourd'hui de s'en aller, je n'ai pas d'autres solutions que de partir aussi. Début novembre, au moment de signer à l'Espanyol Barcelone, vous assuriez pourtant ne jamais vouloir lâcher le Red Star... C'est vrai que je m'étais engagé sur du long terme, mais, au fil des mois, on a pris conscience des difficultés à mener ce projet en concertation avec la direction actuelle. Aujourd'hui, notre désaccord repose notamment sur des promesses non tenues. Personnellement, j'ai respecté la mienne en m'engageant financièrement. Il y a une quinzaine de jours, nous avons fait une proposition pour reprendre les pleins pouvoirs, qui n'a pas été acceptée. Quel est votre sentiment aujourd'hui ? Je pars déçu. Je reste persuadé que ce club possède un véritable potentiel. Mais là, c'était devenu trop difficile.
S.C. avec Frédéric Gouaillard
LES DEPARTS S’ENCHAINENT
APRÈS LE RETRAIT de Luis Fernandez, des bouleversements n'ont pas tardé au sein du Red Star. L'entraîneur de l'équipe fanion (DH), Azzedine Méguellatti, a décidé de quitter ses fonctions. Hier soir, au stade Bauer, il en a informé officiellement ses joueurs, abattus par la nouvelle. L'ancien coach d'Istres (Ligue 2), qui avait rejoint le club en juillet à la demande de Michel Moulin et de Luis Fernandez, n'a pas souhaité s'exprimer. « Des raisons personnelles l'ont conduit à se retirer du projet », explique le communiqué officiel adressé hier soir par l'avocat de Luis Fernandez. Son successeur se nomme Jean-Luc Girard, ancien joueur et entraîneur du club, actuellement responsable des équipes de jeunes. Les départs de Malik Boulegroune et de José Freitas, tous deux en charge de la réserve seniors (DSR) et choisis par Méguellatti, sont également acquis. Les joueurs audoniens, qui ont refusé de s'entraîner hier soir pour marquer leur mécontentement envers la direction du club, se montrent circonspects. Ils le resteront au moins jusqu'à jeudi, le président Charrier n'ayant pas prévu de les rencontrer avant. « C'est surprenant qu'ils n'aient pas pu s'entendre jusqu'à la fin de saison, confie l'ancien défenseur de Saint-Etienne, Philippe Cuervo, arrivé en septembre. Dans un club pro, je le comprendrai, mais à ce niveau-là ! » D'autres changements sont également à prévoir, au niveau de l'organigramme notamment. Le retour de Christian Duraincie au poste de vice-président est ainsi évoqué avec insistance. Ce dernier officiait encore en 2001 en tant que conseiller de l'ancien président, Jean-Claude Bras.
G.T. et F.G.