LILLE – RED STAR 1936  ALLEZREDSTAR.COM

RED STAR – LILLE : 2-1 (2-1)
Division 1
8 novembre 1936

Red Star - Lille, 1936
Devant les buts du Red Star, Alcazar (Lille), à gauche, et Ortin (Red Star) sont aux prises. Plus à gauche, Chantrel (Red Star), observe prêt à intervenir

Dimanche 8 novembre 1936, la fête au Stade de Paris, le Red Star 10ème accueille le leader Lille, dans le cadre de la 10ème journée de D 1.
Seize clubs participent à la cinquième édition du Championnat de France. Deux clubs parisiens : Racing et le Red Star … et quatre clubs Nordistes situés à quelques kilomètres les uns des autres : Olympique Lillois, Sporting Club Fivois, le RC Roubaix et l’Excelsior Roubaix (vainqueur de la Coupe de France 1933 au détriment … du RC Roubaix).
Le club actuel de Lille est une émanation de la fusion après guerre de l’Olympique Lillois et de Fives Lille.
Tout comme le Red Star, Lille connu une carrière mouvementée dans le professionnalisme, avec l’abandon du statut professionnel en 1969. Un abandon de courte durée.
Lille a du attendre les dernières saisons pour retrouver le haut du classement du football français.
Lille a construit son palmarès, à la fin des années 40 et au début des années 50 avec cinq Coupes de France, comme le Red Star mais également deux titres en D 1.
Cinquante six ans après son dernier titre (1954), l’équipe première de Lille est l’une des prétendants au titre de L 1, en 2010-2011.

Red Star - Lille, 1936
Gonzalès, le gardien du Red Star intervient, Ortin est à droite, de face Thomaïdis (Lille). Au premier plan Gougain se replie, lors de Red Star – Lille, en 1936.

Retrouvons, notre envoyé spécial de l’époque dans un Stade de Paris, comble, entre 18 et 20000 spectateurs) …, une porte cède devant le nombre de retardataires … et la question est posée déjà, il faut … des enceintes plus vastes avec l’engouement du football professionnel !
De la folie au stade de Saint-Ouen … comme pour la venue de Marseille, en 1993 (envahissement de la tribune d’honneur par les retardataires) … ou stade archi plein comme face à Sochaux, le Champion de France (saison 35-36) ou à Reims, en janvier 1965 … et en D 2 (23000 spectateurs) … ou lors d’un Racing – Le Havre (20000 spectateurs), en D 1, saison (59-60 … avec un 9-0 pour les Parisiens).
En ce mois de novembre 1936, du beau monde sur la pelouse de Saint-Ouen, avec du côté de Lille : Jules Vandooren qui devait ensuite porté le maillot du Red Star tout comme Robert Desfossé. Autre grand nom du football : Jean Snella, le futur grand entraîneur de Saint-Etienne et aussi sélectionneur de l’Equipe de France.
du côté audonien : le tandem Fred Aston – André Simonyi et le meilleur buteur de la première Coupe du Monde, l’Argentin : Guillermo Stabile mais aussi Augustin Chantrel ou Georges Meuris.

Le récit : 
« Il va falloir que, dorénavant, le Red Star envisage de jouer ses rencontres importantes de championnat au Parc des Princes ou à Colombes, car le Stade de Paris, en pareilles circonstance, ne suffit plus. Ce n’est pas, en effet, par philanthropie que les dirigeants du Red Star laissèrent pénétrer gratis pro deo dans l’enceinte du stade des centaines et des centaines de sportifs arrivés un peu tardivement, une porte fermée au nez de ces retardataires fut attaquée avec tant de vigueur qu’elle finit par leur livrer le passage. Les rencontres internationales seules, donnaient lieu naguère, à de telles ruées. Or voilà que de simples matchs de championnat suscitent un engouement identique ! C’est tant mieux pour le football, mais encore faut-il choisir, pour en tirer tout le parti possible, entre les portes blindées et les stades très vastes.
L’Olympique Lillois, battu par 2 à 1, doit à ce nouveau coup du sort de partager la première place du classement avec Strasbourg. C’est bien fâcheux pour lui, d’autant que sa défaite n’est pas tout a fait équitable. Ne prit-il pas, pendant toute la seconde mi-temps, un ascendant très marqué sur l’équipe parisienne, au point de lui interdire la moindre attaque ? Il est bien permis d’y voir la preuve d’une technique plus assurée. Seulement, je ne pense pas que les Lillois se contentent de ce satisfecit tout platonique.
La rencontre avait débuté pour eux sous les plus heureux auspices. Après cinq minutes de jeu, alors, que Sternberg et Meuris se disputaient la ballon l’un à l’autre, Thomaïdis les avait mis d’accord en s’appropriant l’objet du litige et en marquant un but d’un shot précis.
Sans trop se laisser décontenancer, le Red Star poussa quelques pointes vers le but de lillois, et c’est ainsi qu’à la 9ème minute, un corner ayant contraint Desfossé à repousser la balle au lieu de la bloquer, Janin rétablit la balance.
Et puis dix-huit minutes plus tard, tirant profit d’une erreur de Snella, Simonyi battit à son tour Desfossé ; le match était joué.
On ne manquera pas de souligner, ici et là, que le Red Star n’a pu qu’à grande peine conserver l’avantage acquis en première mi-temps. On lui fera surtout reproche d’avoir usé le plus possible de procédés dilatoires. Assurément, la défense désespérée à laquelle, il fut réduit manqua souvent d’élégance : malgré cela, il y aurait quelque injustice à lui refuser la moindre indulgence. En pleine tempête, n’est-ce pas, rien de plus normal que d’utiliser les moyens du bord, vaille que vaille …
Les deux intérieurs, Janin et Cros, auraient-ils pu secouer le joug durant cette seconde mi-temps si pénible ? Ce n’est pas bien sûr. Il m’a bien semblé, toutefois, que Janin fut moins prodigue d’efforts qu’au début de la rencontre ; quant à Cros, incarnation assez réussie du fameux Bonhomme en bois. Il n’eut pas souvent le loisir d’intervenir. Un peu plus de souplesse lui ferait grand bien.
Des deux équipes, c'est la parisienne qui joua le plus rapidement, et avec la spontanéité créatrices des effets de surprise. Par contraste, la formation lilloise parut lente et portée à temporiser.
En fin de partie, Thomaïdis et Bigot permutèrent suivant l’habitude. C’est, évidemment, le moyen de contenter à la fois les clients du café X … et ceux du café Y … Par contre, le bénéfice que tire l’équipe de pareille opération est discutable.
Quoi qu’il en soit, la ligne d’avants lilloise ne parvint pas à percer le réseau défensif du Red Star, malgré les offensives répétées. Cela tient, sans doute, au fait que lesdites offensives n’étaient pas menées avec assez d’entrain. Comme il arrive souvent, la belle ordonnance des mouvements offensifs a été acquise au détriment de la vitesse et de la promptitude d’action. »
Victor Denis

Red Star - Lille, 1936
Un arrêt acrobatique du gardien du Red Star, Gonzalès, entre les Lillois Thomaïdis, à gauche et Jaeck, à droite. Derrière les filets, on voit de gauche à droite, deux joueurs Audoniens : Meuris et Ortin

LES EQUIPES :
RED STAR : Gonzalès, Ortin, Sternberg, Gougain, Meuris, Chantrel, Stabile, Cros, Simonyi, Janin, Aston.
LILLE : Desfossé, Vandooren, Beaucourt, Snella, Moré, Cléau, Bigot, Alcazar, Thomaïdis, Winckelmans, Jacek.

LES RESULTATS DE LA JOURNEE
Excelsior – Racing : 4-2
Fives – Sochaux : 0-1
Rouen – Mulhouse : 4-2
Metz – Strasbourg : 0-0
Rennes – Roubaix : 1-1
Sète – Marseille : 2-2
Cannes – Antibes : 2-3
Classement : 1. Lille et Strasbourg 17 pts, 3. Sochaux 14 pts … 7 Red Star 12 pts

Marseille sera Champion de France et le Red Star 9ème

Match retour : Lille – Red Star  0-0

Red Star - Lille, 1936
Jean Snella, entraîneur de Saint-Etienne, avec à sa droite, Aimé Jacquet. Le second gardien est Pierre Bernard qui porta le maillot du Red Star.
Accroupis, on reconnaît, à gauche : Robert Herbin

© allezredstar.com décembre 2010

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