MARCEL DE LA BUTTE  ALLEZREDSTAR.COM

(Après une période de recueillement suite aux événements douloureux que la France a connus, voici la deuxième partie de l’article de Marcel de la Butte consacré à la problématique du stade.)

Beauvais : un bel accueil, une belle erreur.

Au Red Star, nous ne sommes ingrats. Merci donc à la ville de Beauvais pour son accueil. En ces temps où le thème des migrants fait la une, l’accueil du Red errant par les Beauvaisiens est digne d’éloge. Sans eux, nous serions peut-être aujourd’hui dans de beaux draps. Un stade aux normes, pas cher, propret, au grand air. Rien à redire.

Bon, une fois ces amabilités passées, disons-le tout net  : Beauvais, pour tout supporter du Red Star normalement constitué, c’est une purge. Et surtout une erreur de casting. Existait-il une alternative l’été dernier  ? Nous n’en savons rien. Mais ce qui est clair d’ores et déjà, c’est qu’il serait bon d’en trouver une pour la saison prochaine. Car, comme nous l’écrivions dans la première partie de cet article, il est hautement improbable que le Red Star réintègre Bauer la saison prochaine. La dernière réunion qui s’est tenue au Ministère de la Jeunesse et des Sports il y a quelques jours l’a de facto confirmé. Il n’est question, au mieux, que d’un retour à Bauer à l’été 2017. Vu les finances des uns et des autres, 2018 n'est malheureusement pas à exclure.

Beauvais ? Une erreur à de nombreux points de vue.

1/ Une destination impossible. Le stade Brisson de Beauvais n’est pas assez accessible. Le train  ? C’est exclu. Aucun départ vers Paris après la rencontre. Ne reste que la voiture. Or les supporters du Red, surtout les jeunes qui ont assuré la relève en tribune Rino ces deux dernières années, sont peu nombreux à posséder un véhicule. Et s’ils en ont un, reste la contrainte de temps. Beauvais le vendredi soir, ce n’est pas à cinquante kilomètres de Paris, mais deux heures à deux heures trente de route. Exit les supporters qui ne peuvent pas partir à 17h.30, qu'ils aient ou non un véhicule. Ca laisse beaucoup de monde sur le carreau.

2/ Brisson, l’anti Bauer. Si l’on peut toujours débattre pour savoir si «  le Red Star c’est seulement Bauer  », une chose est sûre : «  Brisson, ce ne sera jamais le Red Star  ». L’identité d’un club, c’est beaucoup de suggestif et d’affect. Peut-être même, avant tout, du suggestif et de l’affect. Le Red Star, c’est la banlieue serrée du nord de Paris, c’est le trottoir de Saint-Ouen, c’est un peuple urbain qui vient en métro ou à pied, bat le pavé, boit un verre à deux pas du stade, dans un café classé monument historique depuis belle lurette. Le Red Star, c’est un stade en ville, refermé sur lui-même, où l’on est à deux mètres de la ligne de touche, comme dans les plus beaux stades anglais.

Brisson et sa zone «  bowling-parking  » c’est l’antithèse de tout cela. Dans sa zone pré-aéroportuaire, au milieu de son parking surdimensionné, à l’extrémité d’une sortie d’autoroute, on peut difficilement imaginer stade plus hors de la ville et hors de l’histoire. Pas formidable pour un club urbain et historique comme le Red Star.

Brisson, c’est un stade au milieu de nulle part, spacieux, avec deux tribunes ouvertes aux quatre vents. Au grand air en plus, avec un brouillard qui s’abat dès la nuit tombée comme pour une soirée d'Halloween. Pas un rade, pas un commerce, en dehors d’un bowling sinistre et désert pour morts-vivants sur le retour. De quoi vous flinguer tout supporter normalement constitué, un soir de déculottée contre Valenciennes (1-5). J’en frémis encore…

L’été dernier, la direction n’avait peut-être pas le choix, soit. Mais il faut bien le reconnaitre, Brisson, n’est pas un stade pour le Red Star. Un club, c’est beaucoup de choses, un maillot, une ville, une histoire, une identité sociale voire politique et, enfin, un stade. Alors certes, un autre Bauer, ça ne se trouve pas comme ça, et il faudra accepter d'aller dans des stades qui ne lui ressemblent pas. Mais Brisson, c’est l'erreur de casting complète. On ne peut pas greffer un club n’importe où. Un changement de terrain, c'est comme une transplantation cardiaque. Il faut y aller avec beaucoup de soin pour ne pas tuer le patient.

3/ Trouver un nouvelle terre d'accueil

Nous serons des exilés jusqu'en août 2017. Au mieux. Il est donc sage de se placer dans l'hypothèse d'un exil prolongé. Rester à Beauvais une ou deux saisons de plus apparait risqué. A jouer à Beauvais trop longtemps, le Red Star risque d'y perdre ce qui lui reste de public, d'identité et d'âme. Et à terme, de voir la logique sportive ascendante qui est la sienne s'inverser.

Notre conviction : un nouveau port d'attache est indispensable pour la saison prochaine. Plus proche, quitte à être moins confortable. Plus facile d'accès, quitte à être plus petit. Il nous faut un stade plus identifiable à la région parisienne et au 93. Quitte à envisager des stades que nous écartions il y a encore peu. Le choix sera difficile. Dans le bien du club, il serait bon qu'il soit autant que possible partagé avec toutes les entités du club, supporters compris. La mobilisation de tous derrière l'équipe, que la direction appelle de ses vœux dans son dernier communiqué, suppose un peu plus d'interaction que ce que nous avons vécu ces derniers mois. Rien d'insurmontable.

Alors où aller ? Comment faire front et attendre, ensemble, direction et supporters, le retour à Bauer ? Comment recréer l'union, celle qui fait la force ? Ce sera le thème de la troisième et dernière partie de cet article.

© allezredstar.com – Novembre 2015

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