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RED STAR - O.M.:UNE VIEILLE HISTOIRE

Quelle que soit l'époque considérée, jamais les spectateurs d'un match Red Star – O.M. n'auront trouvé le temps de s'ennuyer. Chaque fois, cela aura été l'occasion de voir des buts. Beaucoup de buts! Curieusement, ces deux amoureux de la Coupe de France (15 trophées à eux deux) ne se sont jamais affrontés en finale. Une fois seulement ils se rencontrèrent en demi-finale, en 1935, les Marseillais barrant la route de Colombes aux Redstarmen (3-2). Puis en 1971, l’O.M. remporta un huitième de finale disputé en deux manches (1-0 les deux fois). Pour l’anecdote, une troisième rencontre les avait encore opposés en 1944 à Bordeaux au temps des équipes fédérales, remportée là encore par « Marseille-Provence » (2-1).

Mais en championnat, sur la pelouse de Saint-Ouen, leurs chemins se sont croisés beaucoup plus souvent.


Avant-guerre, Mario Zatelli et les siens (couronnés champions cette année-là) avaient "écrabouillé" (5-0) Aston, Simonyi et compagnie au Stade de Paris, un dimanche de janvier 1937... Après la libération, les deux clubs se séparèrent trois saisons de suite sur le même score de 2 buts partout. Puis dans les années soixante, si l'on oublie le 3-5 concédé par un Red Star diminué en 1963-64 (blessé à la tête, le gardien Mar­cel Dantheny avait dû jouer une partie de la rencontre à l'aile gauche !), la suprématie fut audonienne, avec trois succès : un 2-0 pour célébrer le retour parmi les pros en 1961, puis 1-0 en 1964 (Division 2) et 2-0 en 1967 (Division 1), deux buts signés José Farias, le merveilleux artiste argentin. Et en janvier 1969, seul un but du Suédois Roger Magnusson, répondant à un autre de Farias, avait empêché le Red Star FC d'empocher une quatrième vic­toire (1-1).

En revanche, les années soixante-dix furent toutes entières à l'avantage des joueurs au maillot blanc. Rejouée en mars (après une première ver­sion disputée par les amateurs olympiens), l'édition 69-70 se transformera en cauchemar pour onze Audoniens laminés par ce diable de Joseph. Auteur de cinq des six buts de son équipe (6-1), l'avant-centre camerounais s'en don­nera à cœur joie, servi sur un plateau par un extraordinaire Magnusson, pour crucifier le malheureux Christian Laudu : des pieds, de la tête et même sur penalty ! La saison suivante, un suspense inouï allait passionner les dix huit mille spectateurs lors de l'avant-dernière jour­née. Une première mi-temps à sens unique avec trois buts de l'O.M., un score de 4-O à un quart d'heure de la fin pour les Pho­céens avant un final échevelé : José Ahache (75e), Hubert Guéniche (81e) et Robert Pintenat (87e) envoyaient Jean-Paul Escale ramasser par trois fois le ballon au fond de ses filets ! Un réveil (3-4) à couper le souffle, hélas bien trop tardif. Marseille était sacré champion de France et le Red Star condamné à aller chercher son salut à Valenciennes.

Auteur d'un but à Saint-Ouen en 1970, de deux buts en 1971, Josip Skoblar allait réus­sir le hat-trick en 1972, sortant vainqueur du duel l'opposant à Carlos Monin. Face à un Red Star très vaillant, « l’Aigle dalmate », buteur magnifique, était parvenu à enthousiasmer une grande partie des quinze mille courageux accourus au stade municipal mal­gré une pluie diluvienne. Champion sortant, l'O.M. avait dé­montré ce dimanche-là face au Red Star de Philippe Gondet(4-2, buts audoniens d’André Houen et Hugo Gonzalès) qu'il entendait bien se succéder à lui-même.

Autre scénario, même résul­tat l'année suivante. Avec une victoire acquise au bout d'une demi-heure de jeu (Skoblar 15e et Keita 33e contre un but de Bernard Ducuing à la 32e), l'O.M. s'était contenté de gérer froidement son avance, face à une très bonne équipe audonienne animée par Besnard, Simon, Ducuing, Pintenat et le feu follet argentin Ameijenda. Archi-dominée en fin de match par un Red Star généreux, l'équipe entraînée par Mario Zatelli avait plié sans rompre, presque sans combattre, comme devait le confier José Parias, devenu entraîneur, à René Volery, l'envoyé spécial du Méri­dional : « Je regrette que nos adversaires du jour aient refusé le match, comme un boxeur qui refuse le combat ! » Mais le résul­tat était là.

Une seule rencontre échappera à la suprématie mar­seillaise : la dernière de la décen­nie. Le 1er décembre 1974, les Audoniens parviendront, en effet, à arra­cher le match nul (0-0). Sans Roger Magnusson grippé (il avait signé au Red Star en début de saison), mais avec Fleury Di Nallo dont c’étaient les débuts sous le maillot vert, et qui retrouvait à Saint-Ouen son vieux complice Nestor Combin. Mis sous l'éteignoir par José Guillolet, le Brésilien Paulo César avait été, pour le public de Saint-Ouen, la grande déception du jour : « On sait bien que lorsque Paulo César tousse, toute l'attaque olympienne est malade » devait diagnostiquer André De Rocca le len­demain dans Le Provençal. Deux mois plus tôt, ces deux équipes avaient fourni sur cette même pelouse un match amical bien plus spectaculaire (4-4), avec 3 buts du joueur « carioca ».

Le 31 juillet 1982, après quatre saisons pas­sées à se battre dans les divisions inférieures pour retrouver enfin la deuxième division, l'équipe du pré­sident Jean-Claude Bras accueillait... l’O.M.! Menée dès la 42e minute par les « Minots » marseillais (0-1), le Red Star aurait méri­té le partage des points, d’autant que le but de la tête réussi par Christian Massard à douze minutes de la fin avait fait se lever le stade. Seul un juge de touche tatillon avait décidé de gâcher la fête, signalant à l'arbitre qui regagnait déjà le centre du terrain pour valider le but, un hors-jeu imaginaire.

Derniers épisodes en date avant la rencontre de janvier 2012, les deux chocs des années 90 disputés dans un stade qu’on appelle désormais « Bauer ».

Reléguée en deuxième division à la suite de l’affaire VA-OM, l’équipe de Bernard Tapie était venue en leader à Saint-Ouen, le 9 septembre 1994, quatre jours avant d’affronter Olympiakos en Coupe d’Europe. Restant sur six victoires et un nul, les Barthez, Cascarino, Germain durent pourtant abandonner la victoire aux joueurs de Pierre Repellini, devant 13.000 spectateurs et encore plus de téléspectateurs. Réduits à dix dès la 33e mn, les Champions d’Europe 1993 devaient s’avouer vaincus sur un coup franc magistral pleine lucarne de Jean-Luc Girard et un tir à ras de terre de Didier Thimothée (2-1). Décisif dans ses buts, stoppant même un penalty de Cascarino, l’extraordinaire Fabien Schneider ne devait s’incliner qu’une seule fois, face à Bernard Casoni à l’heure de jeu.

La saison suivante, au lendemain d’un énième Red Star-OM (2-2), Le Méridional titrait à sa une : « L’OM tout près de l’exploit ». Il est vrai qu’avant la rencontre, le club du boulevard Michelet entraîné depuis peu par Gérard Gili pointait seulement à la 12e place et craignait les Redstarmen classés 3e. Au coup de sifflet final, c’est pourtant les partenaires de Steve Marlet qui pouvaient s’estimer heureux de l’égalisation arrachée par Guilhermo Mauricio à 3 minutes de la fin. Entre-temps, Ted Agasson avait montré la voie (7e) avant que l’O.M. ne renverse la vapeur par Marc Libbra et Jean-Philippe Forêt, le gardien audonien, contre son camp. Qui mieux que Le Provençal pouvait résumer la partie à laquelle avaient assisté le public de Saint-Ouen et les téléspectateurs d’Eurosport : « sacré match ! Sacrée soirée, bien typique de la D2 dans ses bons jours, si l’on ne s’occupe que du terrain. Des buts, des occasions, des coups de théâtre, des renversements de situation et à l’arrivée un résultat nul qui satisfait tout le monde. »

Que demander de mieux pour le trente-deuxième de finale de samedi au Stade de France ?

Gilles SAILLANT.

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