Pénétrer dans l'accueillant et pimpant café "Au Versailles", c'est la certitude de déguster un porto de qualité et s'exposer à soutenir une discussion passionnante et interminable sur les vicissitudes inhérentes à la balle ronde. Ici, le patron est "dans le coup" ; il peut soutenir et alimenter les polémiques déchaînées autour du plus attractif des sports. Aussi, on y parlemente comme au Palais-Bourbon ; on y échafaude des pronostics … logiques. C'est le "Café du commerce" du football avec ses stratèges … sans petits drapeaux.
UN HAVRE REPOSANT L'EDUCATEUR BONNARDEL ADMIRATEUR DE PEDRO DUHART LE RED STAR ET … DEMI-AILE PAS DE RECOMPENSE SUPREME (1) Pédro Duhart, joueur natif d'Uruguay, mais d'origine Basque, fut sélectionné à six reprises en Equipe de France, entre 35 et 37, il évoluait à Sochaux, Champion de France en 1935.
(2) Marcel Tomazover fut entraîneur du club de Saint-Ouen, au début des années 70
© Allez Red Star.com 2002
Mais ce n'est pas derrière ce comptoir, et devant une multitude de bouteilles aux étiquettes multicolores, que se découvre le vrai visage du capitaine du Red Star.
Chez lui, dans son appartement, la vie auprès d'une charmante et compréhensive compagne, l'espoir et la joie que représentent un enfant, lui font souvent maudire les rigueurs de son métier principal.
- Ah ! Il faut que j'aime passionnément le football pour lui sacrifier le calme d'une existence sans souci.
Avec un sentiment de reconnaissance, il loue la tendre sollicitude de Bonnardel et Marion, ces deux éducateurs, qui se penchèrent sur lui à ses débuts, alors que jeune et plein d'ambition, il arborait son premier maillot, celui de la Générale.
Bersoullé cherchait sa voie dans ses balbutiements de footballeur. Il était avant centre. Un avant centre que l'œil avertit de Moulène distingua dans la masse pour en 1936, le débarrasser de sa blanche hermine en l'entraînant au C.A.P. Un C.A.P. où les Bongiorni, Raphy et Ranzoni commençaient à manifester leurs talents.
C'était l'époque où Pédro Duhart (1), ce Rastelli du football, attirait et passionnait les foules. Le Franco-Américain ne possédait pas de plus farouche admirateur que Bersoullé qui, dans son enthousiasme juvénile, lisait avec avidité les éloges dithyrambiques décernés à l'indolent artiste Sochalien.
De la caserne, de sa discipline, de cette existence en vase clos, il ne garde qu'un souvenir. C'est encore le football qui le lui a procuré. Et il parle toujours des quatre buts sur coups francs qu'il réalisa, au cours d'une finale du championnat militaire de la 17ème région. Exploit sans doute unique !
Puis ce fut le Red Star, la guerre, et de nouveau la casaque verte à l'étoile rouge, une victoire finale en coupe. Encore un brin de passé auquel il s'attache … Il narre les péripéties de cette apothéose avec un plaisir non dissimulé, en soulignant les bizarreries de l'existence. Cette année-là, Leduc, un de ses meilleurs amis, celui qui aujourd'hui lutte à ses côtés, était son adversaire direct. La défaillance de Tomazover (2) devait contraindre en effet le tribun sétois Georges Bayrou à confier l'intérim de son policeman au bouillant " Lulu".
La saison avait été pénible, les coups récoltés, nombreux. Sa puissance ne lui permettait pas de soutenir, chaque dimanche, des batailles rudes. La lutte athlétique le lassait. Sa finesse n'arrivait pas à éviter toutes les chances viriles de l'adversaire.
Bersoullé demande une trêve. Il sollicita et obtint d'être essayé au poste de demi-aile. Et ainsi, les habitués des stades virent ce joueur grandir et s'imposer.
Bersoullé, peu à peu, montait la pente aride de la popularité et se hissait au niveau des meilleurs. Obstiné et sérieux
Le capitaine du Red Star avec sa femme, une pianiste émérite et son fils Michel
Clubs successifs : La Générale, C.A.P., Red Star (41-46), Angers, Nice, Le Havre, Rouen et Nantes.
Dix-huit fois sélectionné par l'Equipe de Paris. Capitaine du "onze" de la capitale vainqueur en décembre 1946 à Lisbonne.
Vainqueur de la Coupe de France 1942