QUESTION DE VIE OU DE MORT
On ne peut être et avoir été
Vieux dicton de la sagesse des nations. Le Red Star veut lui tordre le cou.
Il y a trente ans, les gosses qui jouaient à la balle ronde, avec n’importe quoi, rêvaient du Red Star comme ils rêvent aujourd’hui du Racing ou de Reims.
Dans cette banlieue ouvrière, les deux syllabes britanniques se sont incrustées dans l’âme populaire.
Le Red Star (Etoile Rouge), c’est Saint-Ouen, ses usines, son armée de travailleurs. Avec à ses frontières, les villes sœurs : Saint-Denis, Aubervilliers, Clichy. Un lien commun : la Seine et ses remorqueurs. Houille, sable, ciment, pétrole. Tous les aliments d’une immense industrie dont vit un peuple. Des forêts de cheminées, des fumées âcres, chavirées par les vents de toutes les saisons.
Le Red Star a gagné cinq fois la Coupe de France. Puis il est tombé en veilleuse. En 1948, on voulut lui donner un grand coup d’éteignoir. Son nom disparut. Pas longtemps. Il vivait trop profondément dans les souvenirs des uns et des autres. Il fallut bien le ressusciter.
Retour à la vie modeste. Fait de tâtonnements et, comme tant d’œuvres humaines, d’erreurs. Et voici que cette année, le Red Star change son fusil d’épaule. On prend pour vrai que pour réussir en football il faut faire du bon jeu et que pour cela rien ne vaut de bons footballeurs. Et de lancer dans le championnat de seconde division une équipe de joueurs de valeur, de techniques éprouvées, tous issus de division nationale.
Et voilà les vieux supporters audoniens qui respirent, qui sourient : qui voient enfin apparaître, au bout d’un satané tunnel, la lueur du jour.
Le Red Star veut prouver cette saison qu’on peut être et avoir été.
Reims à la rescousse
Si l’un a discuté, dans le passé, l’opportunité de certaines acquisitions réalisées par le Red Star, on ne peut aujourd’hui, objectivement, soutenir la même critique.
Quatre Rémois sont venus à la rescousse du vieux club : Penverne, Bliard (deux internationaux), Desruisseau et Maouche (deux espoirs). Il sont là avec toute la richesse de leur origine rémoise : technique, organisation, sérieux, conscience professionnelle.
Noyau solide autour duquel graviteront Gérard Bourbotte (Strasbourg), Bruat (Toulouse), Nungesser (Alès), Chicha (Marseille), Nagy (Nancy), Fouillen (Saint-Etienne).
Ils sont du Nord, ils sont du Sud. De l’Est et de l’Ouest. Autour du ballon, ils vont être l’équipe, avec les anciens Redtarmen.
A tous, il a été désigné une cible. On ne leur demande pas de viser dans le mille - ce qui peut advenir à la rigueur - on leur a demandé simplement de jouer « placés » dans les quatre premiers, pour passer en division nationale.
C’est en vue d’une lutte en première division que le recrutement a été décidé et réalisé. En tenant compte des impératifs physiques et techniques du football de l’élite.
© Allezredstar.com 2004
document Miroir Sprint - Georges Pradels (texte), Jean Jaffré (photos)
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