(1975) UN PASSE SI PROCHE.  RED STAR 93

Article paru dans MIROIR DU FOOTBALL de Robert Ichah avant le début du championnat de Division 1 (1974-1975).

Le Red Star, ce n'est pas Paris. Mais presque. Saint-Ouen. Une tradition solide. Et de bien mauvaises habitudes présentes ou d'un passé récent. Sil fallait respecter la carrière du club, c'est une marque d'ascenseur qui aurait du patronner le Red Star : il a fait dans la montée et la descente avec une persévérance digne d'un meilleur sort. On a donc décidé, du côté de la Porte de Clignancourt, de remédier à cet état de choses. On a recruté pour renforcer une équipe ayant gagné non sans désinvolture, sa place en Division 1 douze mois après l'avoir perdue.
Si Paris S.G., ce turbulent nouveau-né, excite parfois la méfiance de ses censeurs, le Red Star, lui fais partie des meubles. Il règle ses problèmes avec discrétion. Ainsi, la nomination d'un adjoint au président Sanchez, M. Brès, n'a même pas soulevé la curiosité. Un club qui se structure, c'est bien. Et comme le Red Star a décider de rénover un peu son vieux stade de Paris (suppression de la piste, d'où des travaux qui améneront peut-être l'équipe à se produire au Parc, parfois et sous réserve d'accord, en cours de saison) on a applaudi. Il convenait malgré tout, de présenter à un public fidèle mais lassé par les exercices de corde raide, une équipe susceptible de tenir un rang plus qu'honorable.
La "bombe" du Red Star, on la connaît. Elle avait été envisagée, il y a un an, mais l'affaire n'avait pu se conclure. Cette fois-ci, c'est fait. Roger Magnusson, le célèbre dribbleur de l'O.M. a signé avec le Red Star un contrat de trois ans. Une recrue de choix, indéniablement. Même si la semi-activité dans laquelle il a été tenu la saison dernière à l'O.M. et sa propension à s'arrondir laissent entrevoir une période d'acclimatation et de réadaptation impossible à évaluer. Le tandem Combin-Magnusson, si les deux hommes sont physiquement au point, fera à coup sûr jaillir des étincelles. Des étincelles d'autant plus ébouissantes que la venue du Troyen Daniel Bourgeois, excellent constructeur, encore que son séjour dans l'Aube ait pu émousser ses réflexes, donnera plus de densité à l'équipe. Dans un contexte moins imprécis que la saison dernière, un jeune comme Ducuing, pourri de dons mais qui se perdait dans des initiatives individuelles exténuantes et peu productives pourrait reprendre le cours d'une escalade ayant jusqu'à présent plus promis que tenu.
Le gardien Fouché a été appelé en renfort : Laudu a dû se faire opérer. L'entraîneur audonien restera José Farias. De cet Argentin à la technique éblouissante, dépendra la tenue de son équipe. Et pour savoir quelle direction emprunteront ses joueurs pour accéder au niveau qu'il vise, il faudrait également savoir si Farias a tiré les conclusions des deux précédentes saisons. Farias, sur le terrain, étais un empirique. Remarquable prestigitateur de ballon, il attendait qu'une situation impossible soit créée pour tenter de la démêler à l'aide d'un exploit technique (son fameux double rateau au poteau de corner) avant de délivrer une passe millimétrique.
Entraîneur, il n'a guère évolué, manifestement que ses joueurs soient offensifs, spectaculaires, audacieux, comme il était personnellement. Autrement dit, les précautions qu'il préconise pour éviter les impasses sont très liminaires. Il veut du beau jeu. Du panache. Et derrière, puisque les avants sont chargés de cette mission essentielle ? Et bien derrière on fait comme on peut. Jusqu'à présent, "faire comme on peut", cela a été marqué de près, virilement à l'occasion (mais le marché aux Puces, tout proche est le marché de l'occasion, d'où une virilité fréquente) et d'"y aller" avec coeur. Il y a deux ans, cet enthousisme allant en se dégradant avait provoqué la descente. La saison passée, la supériorité aidant, le Red Star sut se mieux calmer. Malgré quoi, ce n'est pas aux vertus d'une organisation très rationnelle qu'il dû de remonter en douceur. Et sans l'influence de l'inimitable Nestor Combin, le contrat aurait été plus laborieusement rempli. Or, Nestor a un an de plus. Et Roger Magnusson peut-être quelques livres de trop ?
Si José Farias s'est penché sur le problème d'une défense rugueuse mais parfois débordée, l'équilibre de l'ensemble aura été trouvé et le goût avoué de l'entraîneur pour le "beau jeu" pourra trouver sa récompense. Et cela d'autant plus que, comme Paris S.G., le Red Star pourra aligner deux vrais ailiers avec Magnusson d'un côté et l'excellent Fuentes (ex-Rouen) de l'autre, ce qui constitue une originalìté dans le championnat français... comme dans bien d'autres pays.
Mais si José Farias ne s'est pas penché sur le problème ? Alors Otis ou Roux-Combalurier (marques d'ascenseurs) pourront contacter M. Sanchez.

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