Sanctionné en 1994 après l'affaire de corruption lors du match Valenciennes Marseille, Bernard Tapie est de retour dans le football professionnel. Il revient à l'OM. avec la bénédiction des instances les plus hautes du football professionnel.
Ce retour ne laisse pas indifférent, voir les déclarations contradictoires de nombreuses "hautes" personnalités du football français.
Une question se pose, le football français gagne-t-il de la crédibilité avec le retour de ce personnage sulfureux; à vous de juger.
Avant l'affaire VA-OM, le football professionnel avait connu trois affaires de corruption
dont deux concernaient le Red Star
ANTIBES, LE PREMIER
Dès la création du championnat professionnel, lors de la première saison de professionnalisme en 1932-1933, Antibes, premier vainqueur du Red Star avait par l'intermédiaire de son entraîneur proposé un arrangement au président de Fives Lille
de laisser gagner les Antibois.
L'entraîneur reconnut s'être rendu dans le Nord
pour négocier le prêt de quelques joueurs à Antibes pour une tournée en Afrique du Nord.
L'entraîneur, M. Valère fut radié, Antibes ne disputa pas la finale du championnat face à Lille. Le club antibois participa au championnat 1933-1934.
La seconde affaire connue concerne le club audonien, il serait étonnant que d'autres affaires de corruption n'eurent pas lieu entre temps.
RED STAR, LE SECOND
Nous sommes en 1955, derrière Sedan, plusieurs équipes (Rennes, Le Havre et le Red Star) se disputent la seconde place de D II pour accéder à l'élite.
Dernier jour de championnat, sur le stade de Saint-Ouen, avec une brillante victoire 4-0 sur Perpignan, les Audoniens décrochent le droit de rejoindre la D I.
Un mois plus tard, revirement, le Groupement (la Ligue à présent) maintient le Red Star en D II.
Le Red Star avait simplement payé des primes aux adversaires des clubs en lutte pour la montée et une somme de 10 000 F au gardien de Toulon, un ancien réserviste des Verts, Serge Schoenhenzel pour plonger du mauvais côté lors de Toulon Red Star (0-4).
Passé aux aveux, Schoenhenzel se rétracta ensuite. Mais d'autres faits furent pris en compte
une prime de 10 000 F en faveur de l'entraîneur de Grenoble (6-2, en faveur des Audoniens) et un mandat adressé par un monsieur "Charles" habitant la même adresse que Charles Nicolas (adresse du coach des Verts) à
Marcel Tomazover, entraîneur de Montpellier
puis entraîneur du Red Star en 1970 ! Le Red Star l'avait emporté 2-1 dans l'Hérault.
Ces méthodes étaient connues
et le Red Star n'était pas le seul club à user de ces moyens peu sportifs, Rennes avait offert une prime aux joueurs de Besançon
pour battre le Red Star. Résultat du match 6-0, en faveur des
Banlieusards. Des Bisontins
approchés également par des inconnus, qui parlaient au nom du Red Star, pour qu'ils lèvent le pied. L'affaire fut révélée par des disputes entre les joueurs de Besançon !
Le seul club puni fut le Red Star. Rennes, Montpellier
passèrent à travers les mains de la justice footballistique.
Charles Nicolas entraîneur du Red Star et délégué de l'Amicale des entraîneurs (ancêtre de l'UNECATEF) fut radié à vie. Zenatti, président du Red Star bien qu'en principe, tout se soit passé à son insue, fut suspendu trois ans. Quant à Schoenhenzel, il disparut du circuit professionnel.
Comme le démontre l'affaire de la saison 1954-1955
était sans doute une affaire parmi tant d'autres
non dévoilées.
Sur cette photo, on retrouve deux protagonistes de l'affaire. Debout : Schoenhenzel (4ème) et le président Zenatti (debout à droite)
RED STAR
bis
Comme le Red Star est sans doute moins "adroit" que d'autres clubs, il replongea une seconde fois dans une affaire de corruption, lors de la saison 1959-1960.
Le Red Star avait échoué pour la montée, lors de la dernière journée de championnat en partageant les points avec Troyes à Saint-Ouen.
Deux mois après la fin du championnat, une information parue dans un quotidien, comme quoi, la veille de Nantes Red Star (Nantes 8ème et vainqueur du match 5-1), un inconnu s'était présenté au domicile du gardien hongrois de Nantes, Lehel Somlay. Une somme de 20 000 F fut proposée par l'inconnu au gardien, ce dernier refusa et après le match, Somlay raconta l'histoire à son président qui en fit part à la Ligue.
Présent dans une tribune au match Red Star Troyes, Somlay reconnu l'individu
le trésorier de la section professionnelle du Red Star, monsieur Usunier.
L'enquête démontra que Gilbert Zenatti, malgré sa suspension de trois ans en 1955 n'avait cessé d'être le président de fait du Red Star et que le radié Charles Nicolas était l'éminence grise du club.
Fin juillet, l'entraînement de la section professionnelle venait de reprendre quand la nouvelle tomba, la Ligue retirait la carte de dirigeant à tous les membres du comité directeur du Red Star professionnel et exigeait la nomination d'un nouveau comité et une caution de 100 000 F avant le 5 août.
Une assemblée générale du club a élu un nouveau comité avec Gilbert Zenatti comme "nouveau" président, la somme fut trouvée, mais la section amateur dénonça la combine et le 10 août, le Red Star fut exclu du championnat de D II.
La saison suivante, le Red Star retrouva le championnat de D II avec une nouvelle équipe de dirigeants soutenue par la municipalité de Saint-Ouen.
Juillet 61, le Red Star retrouve sa place dans le professionnalisme. L'équipe présente sur la photo, disputa un match amical, face à Toulouse
. qui fusionna avec le Red Star en 1967.
Debout : Ferrugia, Hestroffer, Manzano, Jecker, Davion, Loubières.
Accroupis : Ruben, Rodighiero, Wade, Henni, Wilson.
Vous voyez, bien avant l'affaire marseillaise, le football français avait eu droit à trois affaires de corruption.
Dans ce domaine, le Red Star avait "brillé". Cela fait partie de son histoire, une histoire sombre et éloignée de l'éthique sportive.
Comme nous le révélait un jour un footballeur, en fin de saison, certains matchs sont "arrangés", quant une équipe à besoin de points et que l'autre ne craint plus rien. Mais souvent, les instances dirigeantes ont fermé les yeux
pour la "beauté du sport".
Le monde sportif n'est peut-être pas moins pollué que d'autres secteurs de la vie économique ou politique !
© Texte Gérard Valck Documentation GV 2000