Le jour n'avait pas à l'exigence, quant à la qualité du jeu. Nous avions devant nous deux équipes qui luttaient pour leur survie et dans un moment pareil, l'essentiel n'est pas de participer, mais de gagner. C'est dire si la rencontre, notamment à son début, s'est déroulée dans une ambiance électrique, les vingt-deux acteurs ayant les nerfs à fleur de peau. On craignait même que le match ne dégénérât très vite en "bataille de rue" quand dès la première minute, Joseph et Ferrié s'affrontèrent très rudement. Visiblement, on se jaugeait de part et d'autres.
Mais ce "face à face" dû à une circonstance de jeu, ne dura pas, car c'est Monin qui prit en charge le puissant avant centre de V.A. et les deux hommes, sans se faire aucun cadeau se livrèrent un duel loyal. Le Red Star qui avait adopté une attitude prudente, avec le repli permanent de Ahache et de Simon, connut une période très difficile à l'approche de la demi-heure. Guinot tout d'abord (23ème), en position d'inter droit, d'un tir de près, obligea Laudu à concéder un corner. Puis Ferrié faillit tromper son gardien d'une tête plongeante … qui passa devant le but audonien. Enfin par deux fois, Giachetti (30ème et 32ème) fut en situation de conclure.
C'est alors que se produisit le gros incident du match à la 37ème minute. Sur un coup franc de V.A. à une vingtaine de mètres, face au but du Red Star, Joseph retint par la culotte Monin qui s'apprêtait à intervenir ; le juge de touche leva son drapeau pour signaler la faute, mais l'avant centre valenciennois, en possession donna en retrait à Pagnier , qui ouvrit le score sans difficulté, Laudu, ayant marqué un temps d'arrêt.
On s'attendait, à tout le moins, à ce que M. Mâchin aille consulter son adjoint, mais sans hésiter, il indiqua le centre du terrain. Les joueurs de Tomazover se précipitèrent vers l'arbitre et son collègue et la rencontre fut interrompue durant plusieurs minutes. Le directeur de jeu maintient sa décision et provisoirement le Red Star n'était plus en Division I.
Ce coup du sort, contrairement à ce qu'on aurait pu craindre, ne découragea pas les Parisiens. A la 41ème minute, un tir de Ahache ne fut que repoussé par Lawniczak, Guéniche surgit et reprit la balle sur le montant. Le gardien de V.A. ne se trouvait pas samedi soir, dans un très bon jour et ce fut lui, bien involontairement qui provoqua l'égalisation du Red Star dix minutes après la reprise, en relâchant une nouvelle fois la balle sur un tir de Simon. Ferreira et Guéniche se précipitèrent en même temps et marquèrent pour ainsi dire ensemble, l'ailier gauche donnant l'ultime coup de patte.
A la 59ème minute, Joseph fut violemment chargé à l'épaule dans la surface de réparation par Laudu. de deux choses l'une : ou M. Mâchin devait estimer la charge régulière et ne rien siffler, ou il indiquait le point de penalty. Il donna un coup franc, ce qui était probablement une manière pour lui de "compenser" le but qu'il avait accordé à V.A. en première mi-temps.
Le Red Star, partiellement libéré, joua mieux au cours de la seconde période de jeu et si les Nordistes continuèrent, dans l'ensemble à dominer leurs actions furent moins tranchantes.
Comme il arriva souvent en pareil cas. Sur une contre-attaque amorcée par Mouthon et alors que le camps valenciennois était dégarni. Guéniche fila sur son aile et transmit à Ferreira accouru. Le Portugais, d'un joli tir, trompa le malheureux Lawniczak. Nous en étions à la 76ème minute. Dès lors, le sort en était jeté. Le Red Star a joué un match héroïque au cours duquel, le sang froid et l'expérience des Audoniens comptèrent énormément. Ils ont réussi finalement une bonne performance dans des conditions particulièrement difficile. Tous les joueurs sont à féliciter pour leur détermination et leur esprit de corps. Sur le plan du jeu, on doit tout de même signaler : la "présence" de Laud, la souveraineté de Monin, l'activité de Simon, la maîtrise technique de Ahache et la "réussite" de Guéniche et de Ferreira.
A V.A. on a notamment remarqué les deux jeunes Giachetti et Pagnier, ainsi que Rodighiero, Guinot et Coustillet qui firent le maximum pour forcer le destin.

Jacky Simon